^.^ Hybrides: citons les sites ^.^

24.3.08

..... Le pont, attribué à Almalia Barlinolsi

Il est dans la contrée des mangeurs de harengs
Un astre plus brillant, plus dense et plus vivant
Que le ciel-Galaxie qui lui sert de miroir.
Enjambée par les nuées, l'étoile reste noire,
Elle luit dans nos coeurs et coule tel un fleuve
Multiple. De la vie elle donne la preuve.

Un frère ondin jadis écrivit tout sur elle
Sans jamais aborder à ses eaux torrentielles
Il voyagea, pourtant, il croisa des puissances
Mais la plus forte entre elles était dénuée de lance:
L'énergie des pensées de ses amis nouveaux,
Ceux qui créaient des ponts pour les esprits dévots.

De tous les ponts passés et de ceux à venir,
La somme exalte l'eau de tous les devenirs.
Car en ce point unique un jour on osera
Relier tout à tout et qui vivra verra
Franchir en un seul pont toute l'humanité
Par-dessus l'ignorance et les indignités.

8.2.07

..... Suite du Sifflotage

[On va dire que "il" c’est R. et "elle" c’est… "elle".]

Il était bien embêté. Bernard ne pouvait pas en dire plus, il n’en savait pas plus. Après tout, il n’était qu’un chien. D’ailleurs, tout comme son maître, il tenait ses informations de son inspiration.
R. entendit justement, tout au fond de son esprit, le mot "conjonction". Mais il l’entendit si déformé qu’il ressemblait davantage à "conjugaison". Il se rendit donc à la Bibliothèque rationale* des Transes (parce qu’il fallait "raison garder", non mais sans blague).
Il y eut avec les gardiens de la B.r.T. une âpre et longue négociation, qu’il serait fastidieux de détailler, sur la question de son droit à introduire Bernard dans l’enceinte de la vénérable institution. Les arguments des protecteurs de l’ordre se résumaient à ceci: seuls-les-chiens-d’aveugle-sont-admis. Ca tombait bien: comme nous le disions au début, R. ne voyait pas bien clair dans cette histoire. Alors Bernard fut autorisé à fouler la moquette couleur rouge écureuil, mais avec une carte d’accès très temporaire seulement.

Bref.
R. compulsa donc des traités de grammaire ancienne, puis d’anciens traités de grammaire, et même, comble du raffinement, quelques vieux traités de grammaire antique. Il ne savait pas vraiment ce qu’il cherchait. Cela dit, c’était le cas de 95% des lecteurs assis autour de lui! Et lui au moins il avait une muse pour lui envoyer des idées. (Ce qu’il ignorait c’était que sa muse, à ce moment-là, était en train de cuver dans un sommeil sans rêve les n verres d'alcool de pensée qu’elle avait engloutis, de dépit devant un tel abruti, mignon certes mais abruti quand même.)

Au bout de trois heures d’égarements linguistiques, il s’était largement éloigné de son point de départ au gré de son intuition fantasque. Il commençait à s’énerver. Aussi, constatant avec horreur que la page des cornichons était arrachue**, jeta-t-il avec furie les sept volumes du grand dictionnaire Lettré sur la table, sous les regards scandalisés de ses voisins. Aussitôt, comme mue par un ressort, une bibliothécaire se téléporta, quasiment, depuis sa banque de prêt jusqu’à lui. Bernard, bien serviable et ravi qu’il se passe enfin quelque chose, se précipita sur la table pour faire diversion et marcha sur la pile de livres en sirotant le contenu de son tonnelet. La bibliothécaire s’évanouit en tombant dans les bras d’un chercheur, tout heureux de l’aubaine… bien que tout à fait respectueux de la charmante dame.
L’agitation monta jusqu’à un niveau de rage tel que tous ces doctes individus se levèrent d’un coup pour donner la chasse au cabot sacrilège. Celui-ci, bien sûr, ne demanda pas son reste et s’enfuit à toutes pattes, satisfait de sa performance, poursuivi par une cinquantaine de savants fulminants.

R. se retrouva seul ou presque dans la salle. Il ne restait en fait, en plus de lui, que le monsieur occupé à tapoter les mains de la bibliothécaire, un vieux magasinier qui faisait semblant de rien (la retraite était pour bientôt, hein) et trois-quatre érudits endormis ou très concentrés. Il jeta un coup d’œil à une page du Lettré, ouverte pendant le chahut. Il avait déjà consulté ce volume (n°VI, de Poney à Tutu), en quête du mot Souphlos, en vain. Là, il était dans le secteur des mots en Sol- et une gravure y attira son regard: elle figurait bel et bien l’étrange petit instrument qui le turlupinait. Mais le terme correspondant indiqué était "solphôs", et la définition:
"Solphôs. N. masc. (du grec σολΦως, σολΦοτος, "mitigeur") Véritable sens du mot "souphlos" (voir ce mot)."
Ah! Ah! Même le Lettré faisait pratiquement le même coup du renvoi que l’Encyclologie de Didot et d’Albert ("Morale: voir Ethique", "Ethique: voir Morale"***)!

-------> pour la fin de l'histoire: cliquer ici.

*rationale signifie en fait "pectorale", mais je m'en fiche.

*grosse allusion, et même citation, à la série BD de Charlie Schlingo "Grugru et Fatafata" qui paraissait autrefois dans la revue "Métal hurlant", clin d'œil à BB.

**allusion à une légende que j'ai longtemps crue selon laquelle on avait oublié de traiter ces deux définitions dans l'Encyclopédie. Il est vrai que l'article "Ethique" est plus que succinct et renvoit à l'article "Morale" et à l'article "Droit naturel". Mais ceux-là sont très développés.

..... Fin du Sifflotage

Ca lui faisait une belle jambe!

Elle se réveilla en sursaut. La conjonction était proche: elle le sentait. Il ne manquait plus grand-chose.

Mais que manquait-il encore? Quelle donnée faisait défaut à R.? Il tournait et retournait la question dans sa tête.
Il avait finalement compris l'essentiel, c'est-à-dire qu'il n'avait jamais rencontré cette inconnue mystérieuse. Le souphlos, le sol... le truc, là, avait pu passer d'elle à lui mais c'était désormais à lui, R., de dégoter le moyen de la rejoindre ou de la faire venir.

"Réfléchis, mais réfléchis donc!" pensa-t-elle, vraiment très fort.

"Réfléchis, bougre d'andouille!" se cria-t-il à lui-même, vraiment très fort aussi.
Et là... Il retint son souffle deux secondes puis avala une grande bouffée d'air. "Mais oui! Qui dit réflexion dit reflet, qui dit reflet dit inversion! Solphôs est grosso modo Souphlos à l'envers! C'est ça, le 'vrai sens'!"

"Ah bah c'est pas trop tôt!" ronchonna-t-elle en soupirant.

"Donc au lieu de souffler dedans il faut que j'aspire à travers."
Il essaya aussitôt. Rien ne se passa.

"Ah misère! Ce n'est pas ça" dirent-ils en choeur chacun dans son monde.

"Petit solphôs, dis-moi où je me trompe?" Et le solphôs vibra, remuant sa bille (le même genre de bille que dans un sifflet ordinaire), dans un frétillement qui évoquait nettement un chien enjoué.
"Bernard! Où est Bernard?"
A peine eut-il formulé sa question que Bernard arrivait, essoufflé:
"Ouf, je les ai semés! Tu m'as appelé, ô mon maître?
- Oui. Tu m'as dit qu'il y avait le même rapport entre le machin et elle qu'entre toi et moi. Qu'entendais-tu par là?
- Je ne sais pas, j'ai parlé instinctivement... Je ne suis qu'un chien...
- Tu es forcément plus que ça. Pour moi, de toute façon tu es plus.
- C'est gentil, ça, mon maître!" Bernard rougissait sous son pelage facial.
R. lui raconta ses déductions et son échec.

"Tu y es presque!" murmura-t-elle.

"Peux-tu me montrer ton tonnelet?
- Je ne suis pas alcoolique! Je faisais juste semblant de boire, toute à l'heure" protesta le chien en surveillant du coin de l'oeil les gardiens de la B.r.T. qui venaient de faire leur apparition aux deux extrémités du couloir desservant la salle de lecture.
"Ce n'est pas de ça que je parle. Oh! Mais ton tonnelet est un faux, il semble fait de bois plein et le bouchon fait corps avec lui, il ne s'ouvre pas.
- Tiens tiens, d'un côté on a un objet creux avec trop de trous, de l'autre du plein... tout plein. (Euh, pour info nous serons bientôt cernés.)"

Alors, pendant qu'elle se concentrait sur le tonnelet pour essayer de le percevoir dans toute sa matérialité, sa massivité si exotique pour son monde subtil, R. tenta le tout pour le tout, et c'était le cas de le dire!
Il saisit le tonnelet et l'imagina de moins en moins concret. Simultanément, il aspira doucement en continu dans le solphôs.

Le décor s'estompa progressivement, ainsi que les gardiens en approche, mais heureusement pas Bernard.
Sa présence à elle devint chaque minute plus forte, à commencer par ses yeux.
Ils eurent tous deux, l'espace d'un instant ou d'une éternité, la vision suivante:
un solphôs suspendu dans l'entre-mondes, absorbant délicatement, en même temps, un univers entier par chacun de ses deux évents. Les deux univers (inutile de préciser que l'image est indescriptible!) rejoignirent la bille de "l'instrument" pour fusionner en un nouveau monde.

Et ils purent enfin se faire face, "quelque part".
Evidemment, la première chose qu'elle lui dit fut:
"Ben j'ai failli attendre! Un verre de rhum?"

2.2.07

..... Le souphlos

C'est ça:

20.1.07

..... Hans Arp

18.12.06

..... Hermine de de Vinci

9.12.06

..... Ecureuil roux